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TO AUTHENTICITY … AND BEYOND !

Festival

Le mot authenticité fait remarquablement souvent surface de nos jours. Dans les journaux ou autres médias, sous différentes formes de discours, et en particulier lors de discussion sur l’art et les artistes. Ce qui n’est cependant pas si clair, c’est la signification du concept. « Être authentique » paraît une valeur généralisée ou un jugement de qualité. Ce qui est authentique – original, pur, vrai – semble avoir une longueur d’avance sur le reste.

Au XVIIIe siècle, le philosophe Jean-Jacques Rousseau a tourné le dos à la société créée par l’homme et s’est retiré dans la nature pour se trouver. Face à la société ordonnée de manière rationnelle qui impose à l’individu un carcan normatif, il a idéalisé la nature sublime dont le caractère éblouissant et inaltéré lui a indiqué la voie vers l’origine sauvage de l’homme. Dans les siècles qui ont suivi, cette nouvelle voie vers le soi authentique est devenue le fil conducteur de l’homme moderne.
Mais alors que chez Rousseau la libération de soi découlait d’une rébellion et d’une émancipation, la quête du soi authentique actuelle s’est embourbée dans une obsession de l’individu. Tandis que Rousseau est parti en quête de transformation intérieure en dehors de la société, l’authenticité est aujourd’hui un impératif du système, nourri par les réseaux sociaux et la politique. Être authentique devient toujours davantage une question d’apparence et de profil.
Le marché ne se prive pas de tirer habilement parti de ce phénomène : dans la société néo-libérale, un style de vie authentique relève des choix qu’on opère en tant que consommateur. Et les résultats sont au rendez-vous : ainsi, les produits artisanaux semblent un rien plus appétissants ; les destinations de voyage sauvages, un tantinet plus attrayantes ; la télé-réalité, légèrement plus captivante, les projets participatifs, un grain plus vraisemblables et les usages traditionnels semblent faire un peu plus sens.
Mais que signifie libération du soi si nous nous laissons séduire, sans opposer de résistance, par ce que le marché préconise ? Que signifie originalité si nous achetons en masse les mêmes produits et poursuivons le même style de vie, tous dits authentiques ? Dans notre aspiration à être nous-mêmes, nous risquons de toujours plus ressembler les uns aux autres. Et si tel est le résultat, qu’espérons-nous trouver au bout de cette quête du « vrai » et de « l’original » ? Quand est-ce que le désir d’authenticité bascule dans la nostalgie collective, le conservatisme, voire le fondamentalisme ? Et cette aspiration, n’est-elle pas de toute façon un gigantesque paradoxe à l’ère du numérique où nous cliquons et glissons d’une réalité artificielle et reproduite à l’autre ?

Dans la critique croissante de la pensée occidentale moderne, de plus en plus de voix s’élèvent pour reconsidérer les constructions historiques et philosophiques. Elles nous invitent à désapprendre nos schémas de réflexion et nos récits et à nous ouvrir à ce qui apparaîtra dès lors. Ici aussi, on peut entrevoir un désir d’authenticité à une époque où la réalité est souvent vécue comme n’étant ni vraie ni sincère. C’est précisément sur ce désir que nous nous focalisons avec des artistes et des penseurs : où peut nous mener la quête de vérité et d’origine si nous sommes disposés à regarder au-delà de l’authenticité ?

 

Image: Josh, from the seriesWill They Sing Like Raindrops or Leave Me Thirsty © Max Pinckers.
The series was commissioned by EUROPALIA for the Indomania exhibition at BOZAR.

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